Jean-Michel Picard

Jean-Michel Picard

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Il y a de multiples approches dans mon travail de plasticien, les traces, la disparition, la perte. C’est souvent le matériau qui fait émerger l’idée, la poésie. De la même manière que je collecte tous les fragments de vie, les instants saisis, je voudrais que les mots commencent à prendre une place dans mon travail, tels une matière, une substance vivante. Recueil de poèmes : L’idée de ce recueil de prose poétique a germé, dès lors que j’ai osé montrer mes textes, à L’Atelier IMIS, pour l’exposition « L’ILLUSION » à l’automne 2018. A la création de la nouvelle collection « l’impatience » l’année suivante, L’Atelier IMIS m’a proposé de publier une sélection de ces textes. C’est le titre « Petits mondes flottants » qui a déterminé le choix d’images qui allaient accompagner les mots ; Ce titre, je l’avais donné à mon exposition à La Galerie Marland d’Angoulême en Mai 2018, ainsi qu’à une vidéo co-réalisée avec L’Atelier IMIS.

Publications de l'auteur

À l’œil

10,00
Je vous parle de l’intérieur
d’une fiction entre des murs
pour en faire une scène
Dans la longueur des jours
me terrerai dans des parcelles invisibles
une faiblesse entre les yeux
Face à la lumière. Par les mots et les images, la transmission se fait, passe par l’œil, le monde immense pénètre, impressionne la rétine, dedans s’illumine, pendant la traversée, la cornée se charge de traces, résidus essentiels du passage, couleurs et formes, transparences.
L’artiste opère, sous ses doigts, s’échantillonnent des paysages, impressions fugitives, humaines parfois, abstraites souvent, tandis que se mesurent les émotions, à l’œil. L’image advient. La gratuité du regard fait le reste, l’œil cligne, s’engage. En jeu, le même mouvement, un acte de création, de recréation, de réécriture, dans l’introspection et les réminiscences.
Entre les lignes, prennent place des êtres de chair, des enjeux d’enfance, une certaine nostalgie qui relierait passé et présent, dedans et dehors. On peut s’étonner et rester sur le seuil, une idée en tête, récurrente : On ne se sauvera de rien… ou s’interroger comme le fait Jean-Michel Picard, chiner, tâtonner, se rendre poreux et pourquoi pas fragile. Tenus à l’œil les sens s’alignent, vient le moment de mettre l’intuition sur le bon chemin.

Dans les temps

12,00

Jean-Michel Picard est un homme engagé.
Il pose son regard. Il pioche dans le monde qui l’entoure des images, des mots, des sons, des sensations, il discerne ce qu’il y a de plus fugace, ce qui échappe aux autres, ce qui résiste à une vision superficielle, trop rapide ou trop quotidienne. L’intangible, il le voit, le perçoit, le cerne et se l’approprie : le bruissement du vent, une ombre, un rayon de soleil qui se reflète… Il porte son regard très loin mais aussi tout près, à travers sa fenêtre, dans son jardin, sous ses pas, il n’attend rien sauf de se laisser surprendre.
Le sens se construit dans une autre temporalité. Il faut le temps de les oublier pour mieux retrouver une image, un détail, une impression.
La transformation se fait après, dans un élan puissant, sous-tendu par une idée, un désir, une vision plus globale. C’est un travail qui se joue à deux niveaux, dans le temps et l’imaginaire. Un travail qui peut durer toute une vie.
Florence Toussan