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Jean-Michel Picard

Jean-Michel est un homme engagé. Il pose son regard.

Il pioche dans le monde qui l’entoure des images, des mots, des sons, des sensations, il discerne ce qu’il y a de plus fugace, ce qui échappe aux autres, ce qui résiste à une vision superficielle ou trop rapide, ou trop quotidienne. L’intangible, il le voit, le perçoit, le cerne et se l’approprie : le bruissement du vent, une ombre, un rayon de soleil qui se reflète… Il ramasse des objets, collecte, entasse, associe. Un coquillage devient matière, une graine, un cartilage… Il porte son regard très loin mais aussi tout près, à travers sa fenêtre, dans son jardin, sous ses pas, il n’attend rien sauf de se laisser surprendre. Il prend le temps, flâne, glane et se laisse nourrir. Lorsqu’il capte quelque chose, il ne réfléchit pas et se laisse guider par l’évidence ou l’instinct. Il donne au hasard le pouvoir de le faire dévier. Il aime la fragilité, l’éphémère, ce qui se mérite. L’œil en alerte, toujours plus sensible aux variations du monde, aux vibrations, toujours plus poreux aux présences clandestines, aux traces subtiles, Jean- Michel voit sous la surface, sous les apparences. Il laisse le monde se réinterpréter, capte avec son appareil photo, ou quelques mots, ou un croquis, ce qui est étrange, mystérieux, poétique…

Le sens se construit dans une autre temporalité. Il faut le temps de les oublier pour mieux retrouver une image, un détail, une impression. La transformation se fait après, dans un élan puissant, sous-tendu par une idée, un désir, une vision plus globale, par un projet qui traverse les époques, qui perdure, souterrain, et tient tout le reste, le charpente solidement. « La petit France » est l’un de ces projets. C’est un travail qui se joue à deux niveaux dans le temps et l’imaginaire. Un travail qui peut durer toute une vie.

Pour créer, Jean-Michel puise dans ses collections d’images ou d’objets. Dans la profusion, entre beaucoup et trop, les collections s’enrichissent, se complètent, s’interpénètrent, représentation concrète de sa propre subjectivité. Il y a des expositions sur son chemin qui font surgir une foule, des bateaux, des portraits, des ailes, des regards… il y a des paysages et des personnages… Tout se structure, se révèle peu à peu, des « petits mondes flottants » à « la petite France ». Jean-Michel poursuit sa quête, il égrène les souvenirs enfouis, les références à l’enfance, les secrets familiaux, les obsessions… il cherche.

Florence Toussan

Le regard, c’est un geste physique qui passe par l’oeil, par le corps, le rapport aux autres corps et aux choses qui m’entourent : mon rapport à l’autre. Mes yeux regardent, mon esprit aussi. Le regard est ce par quoi je tisse des liens, je crée des oeuvres d’art. Il implique interprétation, pensée, identification à l’autre.

Un autre lieu du regard, plus douloureux pour moi, est celui des apparences. Il tend à diluer la pensée individuelle, qui se limite aux seules images physiques, dans une ivresse collective, où l’exigence d’exhibition est la règle.

Ce surinvestissement du regard permet à la fois d’éviter la relation à autrui et la prise en compte du monde intérieur. Je suis souvent contraint de détourner le regard pour ne pas être aveuglé, pour pouvoir continuer à découvrir, au milieu des choses visibles et invisibles.

Avec mes émotions, ma perception du monde, mon passé, ma vision est parcellaire, produite par l’intuition créatrice. Recommencer n’est  pas un retour en arrière, mais un choix courageux vers du changement. C’est reconnaître que mon regard a changé parce qu’il crée constamment ses propres images, les renouvelle sans cesse ; c’est sans doute ça, le regard d’un artiste.

Monotypes disponibles prochainement