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Florence Toussan

Je suis des intuitions et des personnages. À leur suite, je rentre dedans, dans l’écriture, dans un état intense, proche d’un état amoureux. J’y vais. Je me laisse écouter, regarder. Mon imaginaire est très peuplé. Parfois, il me tyrannise. Écrivain ou écrivaine, je ne sais pas… C’est une vision, une vision de moi qui couvre tous les âges, toutes les époques, et se projette loin, dans la vieillesse. Je ne sais pas trancher, alors je dis : j’écris. J’écris et c’est en soi une victoire, de celles que l’on gagne sur les petites adversités du quotidien. Il y a toujours quelque chose dans ma tête qui ourdit une histoire, cela ressemble à une forme de pensée marcescente, polymorphe, abstraite, il y a toujours une phrase qui rode, des voix, des images buissonnantes, des zones souterraines et des idées qui s’y enracinent. Écrire agit par métamorphose. Il est question de métabolisme : si je n’écris pas, je dépéris. Non, je ne peux pas vivre sans. L’empêchement serait de n’être que dans ma tête alors que mon corps tout entier est prêt à s’exprimer.

Écrire n’est pas innocent.

J’écris parce que je lis. Lire n’est pas innocent. C’est inouï, inouï d’ouvrir un livre, inouï de vivre quelques jours avec un.e écrivain.e, d’évoluer dans un espace mental, de faire sienne l’élaboration pleine et entière d’une pensée… Lire, c’est faire une fugue quelques heures au beau milieu de la vie… Découvrir toute gamine que j’avais le pouvoir de fuguer en toute innocence, sans frontière, a fait basculer le monde. J’aime l’instant où céder, les premiers mots, le premier souffle, un affolement, y aller.

Je pense mes écrits de la page blanche à la façon de les proposer au public. J’aime le livre, l’objet tenu, éprouvé, trimballé partout avec moi, compagnon, intime parmi les intimes, j’aime cette proximité qui nous fait traverser ensemble un point d’horizon. L’idée d’un de mes livres entre les mains d’un.e inconnu.e me rend fébrile, quelque chose se trouble au plus profond de moi. Le vertige efface l’effort, efface le doute, seul reste l’émerveillement d’avoir mené une histoire où elle devait aller.

D’autres formes de diffusion m’attirent, une autre forme de proximité, performances, lectures, films, installations sonores… L’écriture devient multiple, le travail se ramifie, je m’autorise d’autres médias, d’autres actes créatifs, enregistrer mes textes, les mettre en scène voire improviser. L’idée me plaît de garder la main jusqu’au bout, d’aller au contact d’un public que j’aime voir réagir en direct. L’enjeu est de mettre l’écrit au cœur de la création comme le fait l’Atelier IMIS en proposant conjointement des installations in situ et la revue « Proximités ». La création de cette revue en 2017 est un moment majeur dans le développement du collectif et dans ma pratique de celui-ci. « Proximités » est le lieu où laisser mûrir la réflexion au travers de sujets porteurs d’engagements. Le choix des sujets est en soi un acte de création. La revue est également le lieu d’une mémoire, d’un travail qui s’inscrit dans le long terme. Elle fabrique un contexte et c’est au-dedans que je me place pour déployer des mots. Tout fait écho. L’idée de laisser des traces parle autant de nous, collectif et artistes, que de la société et des mutations de l’époque. La notion du temps est intrinsèquement liée à la réflexion, tout ce travail est en mouvement et entretient une pensée fluide et globale, propice à démultiplier le désir.

Il y a longtemps, l’écoute mytho-poétique (recherche-action en sciences humaines proposée à Paris VIII par René Barbier) a façonné en moi un espace ouvert aux vibrations. Hervé Rozental, Guylaine Coquet, Nnuccia, Jocelyne Pangrani, Chantal Dufour, Marie Guillam, Michel Savatier, Nicole Estrabeau, Dalva Duarte, Catherine Chubilleau, Sandolore Sykes, Jean-Michel Picard, Marino & Chrisco, Monique Dollé Lacour, Ihintza-Chloë Argous, Pascale Gadon Gonzales, Patricia Chen, Joana Millet, Marc Legras, Stéphane Pogran, Barbara Kairos, Ladislas Combeuil et Pierre Martin… comme un appel, l’opportunité de me mettre à l’écoute est une envie si forte qu’elle emporte tout. J’aime les mots qui viennent au contact d’une œuvre, d’un travail, ressentir et chercher ce ressenti pour son mystère, pour sa complexité, lui donner forme, creuser, fouiller, traduire, accompagner, dire au-delà du visible, écrire avec, écrire pour, écrire par défi, dans le branle-bas de création et l’étonnement perpétuel.

Pendant dix ans, j’ai eu la chance de participer à « Implications », le journal de la Non Directivité Intervenante. Pendant dix ans, les ateliers d’écriture proposés par Nicole Habrias-Simon et Michel Lobrot ont forgé en moi de l’endurance, de la persévérance, le goût de l’instant et du déséquilibre, la nécessité de mettre en chantier l’obscur et le sensible, et peut-être, certainement, ce que l’on appelle un style et qui est mon lieu à moi, le lieu des rythmes imbriqués, le lieu de l’acuité, le lieu de l’autodétermination et du dépouillement. Écrire à la première personne est une exploration que je souhaite à tout le monde, partir à l’aventure du dilemme intime et des strates de civilisation qui tiennent le temps. Non, écrire n’est pas innocent. Je lis, j’écris, j’observe et les mots viennent au plus près dire des sensations.

En formation de thérapeute, à l’époque, j’ai choisi « L’empathie dans la fiction » comme sujet de recherche. L’articulation entre réel et fiction me fascine. C’est là, dans ce frottement, que mon travail d’écriture a trouvé son régime propre et sa couleur romanesque. C’est là aussi, et avec les comédiens du conservatoire de Montrouge, que l’envie de spectacle vivant a commencé sa germination. À mon arrivée en Charente, la rencontre avec Brigitta Horváth a été déterminante. J’ai vu Brigitta danser et j’ai su qu’elle serait l’interprète du texte qui me trottait dans la tête, voix off d’un film en préparation. Actuellement, le théâtre me fait le cadeau de deux livres adaptés. De ces expériences émotionnelles partagées avec Renata Scant, Valérie Geoffrion et Cédric Corbiat, naît lentement le désir d’encore autre chose.

Théâtre :
« De voix vivante », coproduction des compagnies Théâtre en Action et Olive de Lux
« Variations rythmiques », coproduction Lune d’Ailes et l’Atelier IMIS

Films :
« Dynamique des fluides », série de films réalisés pour l’Atelier IMIS (2021)
« Les illusions »,  film réalisé pour l’exposition de l’Atelier IMIS « L’illusion » (2018)
« Une voix », film réalisé pour l’exposition de l’Atelier IMIS « Proximités-Distances » (2017)
« Le roman des caprices », film réalisé pour l’exposition de Dalva Duarte au Château-Musée de Tournon-sur-Rhône (2013)

Édition par l’Atelier IMIS :
« Le sort » (2021)
« Variations rythmiques et calligraphiques » (2020)
« Cœur, fragile » (2019)
« De voix vivante » (2018)
« Bien au-delà, qui sait… » (2017)
« Proximités », la revue de l’Atelier IMIS (depuis 2017)

« Natureza Viva », livre d’art et catalogue de l’exposition de Dalva Duarte au Château-Musée de Tournon-sur-Rhône (2013) ; « Yao aime Alette », Ecrivains20, Mairie du XXe (2004)

Installations et performances :
« Le ruban blanc », installation pour l’exposition de l’Atelier IMIS « Jeter un voile… », abbaye de la Couronne  (2022)
« Qui habite chez qui ? Les oiseaux du jardin », lecture théâtralisée (2021)
« Les forces invisibles », projet Vanlife, Cie Chendance (2020)
« Cœur, fragile », lecture théâtralisée (2019)
« La zone rouge », texte audio diffusé dans l’exposition de l’Atelier IMIS « Fragilité » (2019)
« Portraits », diffusion hebdomadaire, RCF Charente (2018-2019)
« Poësis : couleurs d’histoires », installation sonore, église de Saint-Victor (2014)
« Transferts », installation sonore, abbaye de la Couronne (2014)
« Désordres, territoires intimes », résidence et installation sonore et vidéo, moulinage des Crozes, Saint-Priest (2012)
« Penser le trait, sculpter l’espace », rétrospective Hervé Rozental, sculpteur-calligraphe, Carré de Baudoin, Paris 20ème (2006)
« Regards croisés », « Promenons-nous dans les bois », « Entre nous », performances et improvisations, collectif Arttis, Taverny, Cergy-Pontoise, Tréguier, La Frette, Mouans-Sartoux, Sollacaro, Saint-Symphorien, Soisy-sous-Montmorency, Saint-Gratien (2006-2009)

« Dynamique des fluides » (5 vidéos de 13 à 15 mn)

Nous avons fait fi de notre fragilité, contesté les lois du vivant, nié les interdépendances et l’imbrication des trajectoires… une vie, un groupe, un milieu, une nation, la Terre…

Des textes de Florence Toussan, lus par Valérie Geoffrion, Pierre Simon Chautemps, Jérôme Roussaud, Elisabeth Oliver, Cédric Corbiat et Florence Toussan. Vidéos de Stéphane Pogran et Pierre Martin, Montage vidéo et composition sonore de Pierre Martin.

Les vidéos sont présentées dans une installation vidéo et sonore globale.

« Les illusions » (33 mn)

Adapté en 2018 du livre « De voix vivante », le film « Les illusions » entrecroise deux destins pendant la Première Guerre mondiale. Renata Scant et Marc Legras ont prêté leur voix à ces personnages. Présenté pendant l’exposition « L’illusion », ce film est co-réalisé avec Pierre Martin et produit par l’Atelier IMIS.

Une série de 35 émissions, 35 « Portraits » extraits du livre « Bien au-delà, qui sait… » diffusés par RCF Charente en 2019. En voici deux extraits.

« Une voix » (53 mn)

Créé pour l’exposition « Proximités-Distances » en 2017, « Une voix » est le premier d’une série de huit films co-réalisés avec Pierre Martin et produits par l’Atelier IMIS. Ce travail de recherche vidéo, sonore et chorégraphique à partir d’un texte original marque aussi la première collaboration avec Brigitta Horváth.

« La zone rouge » (24 mn)

Un tabouret, une lumière qui isole l’espace dans un faisceau rouge, un casque audio, le visiteur est invité à écouter « La zone rouge » au cœur de l’installation « Fragilité », présentée par l’Atelier IMIS en 2019. Voici l’enregistrement dans son intégralité.