Une œuvre à contre-courant, à contre-temps, une œuvre concrète, un bloc robuste dont on perçoit le grain.
Comment ne pas transposer ?
Œuvre concrète, particules, grain, couleur, composition, les mots du langage sonore.
Les mots de la « musique concrète », non interprétable, modèle unique, conçue comme un tableau sonore original. La musique des « sons fixés » est aussi un assemblage minutieux qui s’inscrit dans une chronologie irréversible et ne peut être représentée que par des analogies graphiques d’une poésie parfois surprenante.
Créer des objets sonores puis les assembler et leur donner vie, c’est transgresser les codes, s’affranchir des signes, des systèmes normés d’écriture musicale et graphique. C’est avoir la prétention d’écrire et d’interpréter sa propre partition. Il s’agit bien là de l’intime. La mémoire sonore s’organise si lentement et de façon si imprévisible.
Cher Jean-Pierre, nous avons besoin de temps, nous l’utilisons sans compter, nous le prenons comme si une éternité pouvait nous être accordée dans le seul but de construire notre univers poétique, notre espace intime.
J’en étais là de ma réflexion, encore et encore, la tête à nouveau remplie de sons et de silences et de questions et de doutes et mon regard s’est accroché à l’évidence de tes feuilles partitions.
Alors pourquoi ne pas transposer ?
Pierre Martin